Nous reprenons l'appel de Mgr Raffin, évêque de Metz. Il se termine sur l'idée d'un engagement concret à dimension politique. C'est le registre sur lequel nous sous sommes placés dans notre appel du 23 avril.
Jean-Claude Philipot
"Des chrétiens sont morts martyrs pour avoir refusé d’obéir aux lois immorales de l’Etat"
"Suite au vote en 2e lecture de la loi Taubira, Mgr Raffin, évêque de Metz, appelle les catholiques à la résistance :
« Au lendemain du vote de la loi « sur le mariage pour tous »
Et maintenant qu’allons-nous faire ?
Nos
gouvernants ont réussi à imposer à notre pays le « mariage pour tous »,
en dépit de l’opposition grandissante et sans doute majoritaire des
français. Une telle précipitation surprend, au moment où la crise
économique imposerait tant d’autres priorités plus urgentes ! Quoi qu’il
en soit, ne regrettons pas la mobilisation de ces derniers mois qui
aura permis à beaucoup d’hommes et de femmes de France de mieux
s’informer et d’affiner leurs convictions.
Rappelons-nous
que ce qui est légal n’est pas forcément moral. Il peut y avoir en
effet des lois que notre conscience refuse de tenir pour justes, non
seulement parce qu’elles sont contraires à nos convictions religieuses,
mais parce qu’elles sont contraires à cette loi naturelle inscrite dans
le cœur de tout être humain. C’est le cas de l’interruption volontaire
de grossesse, légale en France, mais qui n’en est pas moins une atteinte
grave à la vie et que refuse toute conscience morale éclairée ou non
par la Parole de Dieu.
L’histoire
de l’Eglise nous rappelle que des chrétiens sont morts martyrs pour
avoir refusé d’obéir aux lois de l’Etat qui offensaient leurs
convictions religieuses (sacrifier aux idoles, ne pas respecter le
dimanche…). Elle nous apprend aussi que, par leur témoignage silencieux
et la rectitude de leur conduite, les chrétiens ont transformé la
société civile. Si, ces derniers mois, l’attachement aux valeurs s’est
soudain réveillé, c’est parce que notre culture demeure quoi qu’on en
dise imprégnée par le judéo-christianisme. Ne rougissons donc pas de nos
convictions sur la famille et le mariage. Elles sont porteuses d’un
vrai projet pour notre temps qui articule de façon cohérente la vocation
des personnes, l’engagement au bien commun et l’avenir de la société.
1.
Toute personne humaine est sexuée, elle est masculine ou féminine, non
en vertu d’une décision personnelle, mais de par la naissance. C’est en
acceptant cette caractéristique de son être qu’une personne peut grandir
de façon harmonieuse et heureuse.
2.
Ce qui fonde la famille, c’est un homme et une femme qui s’aiment et
qui s’engagent à s’aimer dans la durée, en prenant la responsabilité
d’élever les enfants qui peuvent naître de leur union. Cette
responsabilité n’est pas seulement d’ordre privé : elle a une dimension
sociale que les lois de l’Etat ont avantage à soutenir comme l’a fait
jusqu’ici en France la législation sur le mariage civil.
3.
L’enfant n’est pas un droit, c’est le fruit d’un amour entre un homme
et une femme. Pour sa croissance humaine et spirituelle, l’enfant a
besoin d’un père et d’une mère. Aucune manipulation technique ne pourra
cacher cette réalité fondamentale.
4.
Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Certes, ils
doivent être soutenus en ce domaine par les institutions de la
République, mais celles-ci ne peuvent déposséder les parents de leur
droit fondamental d’éducateurs de leurs enfants.
La
résistance à laquelle les circonstances présentes appellent les
chrétiens n’est pas la violence des zélotes contemporains de Jésus, mais
la force tranquille des béatitudes, fondée sur la réflexion et le
discernement, la méditation des Ecritures et la prière. L’homme des
béatitudes ne tient pas pour acquis ce que tout le monde pense, dit et
fait. Il ne tient pas pour acquis ce que l’opinion présente comme une
évidence ou une certitude, il se laisse conduire par l’Esprit Saint vers
la vérité tout entière.
Cette
résistance devra tôt ou tard s’incarner dans des engagements concrets
et elle a une dimension politique, mais il n’appartient pas aux pasteurs
de l’Eglise de l’organiser, leur rôle est de soutenir et d’éclairer.
Tel est l’objet de ce message."
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