Excellentes explications de Jean-Pierre Maugendre, Président de Renaissance Catholique sur la manifestation du 13 janvier du nom de "Manif pour tous", ou les raisons de manifester autrement le même jour, avec un message qui n'emprunte pas une partie de ses mots ( porteurs de signifiants fabriqués par ceux qui subvertissent notre société) et de son message à nos adversaires.
La manif pour tous
13 janvier 2013 (suite) : peut-on bâtir sur la tromperie ?
Le 13 janvier 2013 à Paris
L’opposition à la légalisation du
mariage homosexuel s’amplifie prenant des formes diverses (Collectif des
maires pour l’enfance, Entente parlementaire pour la famille,
pétitions, …) pendant que la manifestation du 16 décembre dernier,
organisée par les activistes de la LGBT, a réuni bien moins de
manifestants que les manifestations des 17, 18 novembre et 8 décembre
2012. Signe des temps qui ne trompe pas : même Jean-François Copé,
président contesté de l’UMP, dont les convictions semblent se réduire à
anticiper les vents dominants, a appelé à manifester le 13 janvier
prochain. Si nous savons qu’ici bas, le bien et le mal sont toujours
inextricablement mêlés, comme le bon grain et l’ivraie, et que la
politique est l’art du possible, les difficultés que nous évoquions dans
notre précédente chronique, « Que faites-vous le 13 janvier 2013 ? », à propos de La manif pour tous, n’en persistent pas moins. On peut même dire qu’elles s’amplifient.
Un seul objectif : le retrait du projet de loi dénaturant le mariage.
L’objectif unique de cette manifestation
devait être, à l’origine, d’exiger le retrait du projet de loi
souhaitant légaliser le mariage pour les duos homosexuels, en leur
accordant la possibilité d’adopter des enfants. Ce n’est plus le cas
aujourd’hui.
Le champ des revendications des organisateurs de La manif pour tous, en effet, s’est notablement élargi. Il s’agit désormais de manifester « contre l’homophobie », de refuser la « PMA pour tous » ce qui revient, en bon français, à l’accepter pour certains et surtout de soutenir « l’homo-éducation des familles homosexuelles » en promouvant un « PACS + ».
Or si l’on admet qu’il peut y avoir des
« familles homosexuelles » pratiquant une « homo-éducation » légitime,
si l’on demande même que la loi soit aménagée pour en faciliter
l’exercice, pourquoi refuser le « mariage pour tous » ?
Concernant l’homophobie nous avons là un
exemple chimiquement pur de piège sémantique. Une phobie c’est, à
l’origine, une crainte (claustrophobie, agoraphobie) qui, dans un sens
courant, est devenue une hostilité, une haine (xénophobie). Quant à la
racine « homo », elle signifie identique comme dans homogène ou
homonyme. L’homophobie c’est donc, étymologiquement, la peur ou la haine
de ce qui est identique. Concrètement, le bon peuple comprend la haine
des homosexuels, ce qui est l’objectif poursuivi. En effet, il existe
deux réalités distinctes : d’une part, les homosexuels envers qui
l’Église (cf. Catéchisme de l’Église catholique, § 2358) demande de faire preuve de « respect, compassion et délicatesse » et d’autre part « les actes d’homosexualité, intrinsèquement désordonnés »
(§ 2357). En réussissant à imposer son vocabulaire, l’ennemi est assuré
de la victoire car toute réserve ou critique de l’homosexualité est
présentée comme une attaque contre les homosexuels. Voilà du travail de
professionnel !
Sur la forme, il est en outre de plus en
plus clair que les catholiques et leurs évêques sont les bienvenus,
qu’ils constituent d’ailleurs l’immense majorité des troupes, mais qu’on
leur demande d’être discrets, très discrets… De nombreux témoignages
convergent sur la volonté des organisateurs de cacher les soutanes, de
dissimuler les cols romains, de subtiliser les drapeaux français frappés
du Sacré-Cœur mais, dans le même temps, de laisser flotter les drapeaux
arcs-en-ciel de la fierté homosexuelle et de religieusement respecter
les femmes voilées.
Un
char d’homosexuels est même prévu le 13 janvier 2013, ce qui permettra à
Frigide Barjot de renouer avec l’ambiance de la Gay Pride à laquelle
elle a participé de nombreuses années durant sur le char du Banana Café,
selon ses déclarations sur Radio Notre-Dame le 19 novembre dernier
(nous mettrons sur le compte d’un réveil difficile son affirmation, dans
la même émission, selon laquelle elle aurait participé à la première
Gay Pride à New York en 1969, à l’âge de 7 ans ! Voilà une militante
précoce !).
Habileté, ambiguïté ou déloyauté ?
On peut bien entendu considérer qu’il y a
là une habileté bienvenue et que la même Frigide Barjot a su, par là,
percer le mur du silence, sortir notre revendication de son image
ringarde et moisie, éviter de prêter le flanc aux caricatures
médiatiques. La question est de savoir à quel prix. Ce prix peut-il être
celui de la vérité sur ce que nous voulons et sur ce que nous sommes ?
Que la proclamation de toute la vérité
ne soit pas possible à tout instant, peut-être. Le Christ lui-même ne
dit-il pas à ses apôtres : « J’ai encore bien des choses à vous dire mais vous n’êtes pas maintenant en état de les porter » (Jn XVI, 12). Ne demande-t-Il pas aux fils de la lumière d’être aussi habiles que ceux des ténèbres ?
Cependant entre ne pas dire toute la vérité et tenir des propos erronés, il y a plus qu’une nuance ! Dans Evangelium vitæ
(§ 73), Jean-Paul II ne légitime, à propos de l’avortement, le soutien à
des législations imparfaites que dans la mesure où il s’agit « de limiter les préjudices (…) et les effets négatifs d’une telle loi » sans cependant que ne puisse être remise en cause « l’opposition manifeste absolue » des intervenants à des positions réprouvées par l’Église.
La tolérance, relative, dont bénéficie
Frigide Barjot de la part des médias, justifie-t-elle notre ralliement
au PACS et à la lutte contre l’homophobie ? Ce ne sont que des mots
diront certains. Certes mais les mots ont un sens et un poids. N’est-ce
pas Henri Lorin, confident et ami du pape Léon XIII qui déclara, une
fois que le pape eut accepté de légitimer le mot de « démocratie-chrétienne » dans un sens non politique : « Rome a avalé le mot, elle avalera bien la chose. » La suite a prouvé la pertinence de cette prophétie. Ne revient-il pas aux évêques qui soutiennent « La manif pour tous »
de faire les mises au point nécessaires ? Elles libéreraient les
catholiques du sentiment de s’être laissé entraîner dans un piège qui,
sous prétexte de lutter contre la dernière en date des avancées de la
culture de mort, revient à leur faire avaliser les précédentes comme
d’heureux acquis.
La Vérité nous rendra libres.
Jean-Pierre Maugendre
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